Le TAS (trouble anxieux social) ?

Le TAS (Trouble Anxieux Social), ce n’est pas juste “être timide”. C’est un piège mental dans lequel chaque regard est une menace, chaque mot une bombe à retardement. Ce n’est pas “avoir du mal à parler en public”, c’est une peur viscérale d’exister sous le radar des autres. Manger devant quelqu’un, demander son chemin, dire bonjour – tout devient une scène de théâtre où l’on joue sans script, sans lumière flatteuse, et où chaque spectateur est potentiellement un juge silencieux.

Le corps lâche : cœur qui cogne, mains moites, rougeurs. L’esprit vacille : “Et si je dis un truc débile ? Et si on me voit trembler ? Et si...”Alors, on évite. On ne va pas à la fête. On annule le rendez-vous. On décline l’entretien. Pas par manque d’envie, non – mais parce que la peur du rejet finit par faire plus mal que la solitude. Et c’est là que ça devient un trouble, pas un trait de caractère. Ça flingue les liens, les opportunités, la liberté.

Les chiffres varient légèrement selon les études et les régions du monde, mais on estime généralement que :

  • La prévalence sur une année donnée se situe autour de 2% à 7% de la population adulte.
  • La prévalence au cours de la vie entière (c'est-à-dire le pourcentage de personnes qui souffriront de ce trouble à un moment donné de leur vie) est plus élevée, souvent estimée entre 7% et 13%.

Version imagée :

Imagine une scène. Tu es seul·e dessus. Les gens autour ? Public silencieux. Tu sens leur souffle sur ta nuque. Tu n’as pas oublié ton texte, tu n’en as pas. Tu sais vaguement ce que tu devrais dire ou faire, mais ta gorge se serre. Tu voudrais fuir. Pas parce que tu n’aimes pas les gens – parce que tu ne veux pas qu’ils voient tout ce que tu n’as pas envie qu’ils voient. Ton trouble, ton tremblement, ta gêne, ton “trop”, ton “pas assez”. Chaque erreur te hurle que tu n’es pas à ta place.
C’est ça le TAS. Pas un caprice, pas une pudeur mal placée. Une alarme interne qui se déclenche à chaque fois que ton existence pourrait passer au crible des autres. Et le pire ? Tu le sais. Tu SAIS que ça n’a pas toujours de sens. Mais ça ne change rien.


Pourquoi on peut confondre TAS et TSA ?

De l’extérieur ? Même tableau : retrait social, interactions évitées, inconfort visible. Deux personnes ne vont pas à la fête. L’une à cause de la peur du jugement, l’autre parce que le monde social ressemble à une pièce de théâtre en langue étrangère, sans sous-titres, avec des lumières aveuglantes et une bande-son agressive.

Différence fondamentale : le moteur.

L’analogie de la fête :

  • TAS : “J’ai peur de mal faire.” Peur panique du regard, du raté, du ridicule. On voudrait y aller, mais on est paralysé.
  • TSA : “Je ne comprends pas le jeu.” Trop de stimuli, de codes implicites, de bruit social. Ce n’est pas tant la peur d’être jugé que l’incapacité à naviguer dans ce chaos.

L’analogie de la langue :

  • TAS : Tu parles la langue, mais tu n’oses pas à cause de la peur du faux-pas.
  • TSA : Tu dois apprendre la langue mot après mot, sans intonation, sans émotion, juste en espérant que ça passe. L’angoisse vient de l’incertitude, du flou, du sur-effort d’adaptation.

L’analogie de la danse :

  • TAS : Tu connais les pas, mais t’as peur de tomber devant tout le monde.
  • TSA : Tu ne captes pas le rythme. T’as besoin qu’on t’explique les règles – et souvent, personne ne les connaît vraiment non plus.

Pour finir : 

Oui, il y a un flou. Et non, ce ne sont pas les mêmes batailles internes. Dans un cas, tu as les outils, mais t’oses pas les sortir. Dans l’autre, t’as pas la bonne boîte à outils, et tu dois construire chaque clé à la main. Mais dans les deux cas, tu paies le prix fort.


Alors s’il y a du doute, on consulte. Parce qu’il n’y a pas de médaille à gagner à souffrir en silence.